Éphéméride

Éphéméride

La vie. Pastel sec, 15 x 15 cm, retravaillé en digital – 2022

Les Vanités, rappel au temps qui passe et à l’inanité des biens matériaux, sont un sujet récurrent dans mon travail. Ephéméride est une nouvelle forme de celles-ci, mêlant une palette de couleurs proche du fauvisme et une décomposition du mouvement rappelant davantage certaines recherches cubistes.

1. Le processus de création
2. La réflexion

1. Éphéméride, le processus de création

Éphéméride partait tout d’abord de recherches esthétiques, d’études de couleurs, de matières et de formes. Nul besoin de tergiverser longuement sur le sujet qui m’apparut comme évident : le crâne, objet aux volumes parfaitement adapté à la recherche et à la symbolique forte – la vie et la mort elles-mêmes, rien que ça. 

Suivant donc les traces de nombreux·ses artistes comme Cézanne, Géricault ou Van Gogh (petit clin d’œil au passage pour son Crâne de squelette fumant une cigarette) j’ai disposé ma nature morte et pris mes pastels pour entamer mes recherches. La problématique que je me posais quant aux couleurs était de créer des palettes vibrantes et saturées.

Pour cela il me fallait essayer toute sorte de contradictions, c’est-à-dire opposer des couleurs complémentaires afin de constater si elles pouvaient fonctionner ensemble ou non. En a abouti plus d’une vingtaine de formats.

À chaque nouvelle recherche je décalais le regard du crâne pour qu’à mesure il balaye la pièce, ayant pour projet suivant de tester la forme et la matière que créerait leur superposition.

Une fois tous les formats digitalisés il s’agissait en suite de jouer savamment avec les outils proposés par Photoshop et en particulier avec les différents types de transparence de calques. Un nombre presque incalculable de recherches en sont sorties, Éphéméride en est la sélection finale.

Bien sûr avec cette multitude de formats un GIF était aussi particulièrement adapté, GIF également mis en musique avec l’aide de @nesthelhut (vidéo à voir par ici) !

2. Éphéméride, la réflexion

Si le sens des Vanités dans l’art s’est attaché à la valeur de l’humilité pendant quelques siècles puis, dans les représentations contemporaines les plus visibles, figuré davantage comme un pied de nez ironique à la mort dénotant toujours cette peur immémoriale humaine, le sens du Memento mori, historiquement lié au Carpe Diem, le sens des Vanités et la conception de la finitude durant l’Antiquité était en premier lieu une invitation à profiter du temps présent

Souviens-toi que tu vas mourir donc chaque instant profite de la vie.

Seulement l’essor de l’industrialisation de masse et du capitalisme des siècles plus tard a conséquemment changé notre rapport au temps comme aux choses. Travailler plus, que ce dernier fasse sens ou non, pour consommer davantage, pour obtenir satisfaction au dur labeur, satisfaction aussi immédiate que fugace donnant la vague illusion de contrôler un instant nos vies qui nous échappent. Noyé·e·s dans les informations de toutes parts, distanciés les un·e·s des autres par la complexité d’un monde si chahutant, le temps coule sans que l’on ne puisse le saisir jusqu’à, un jour, se rendre compte qu’il n’est plus là.

Éphéméride est le constat de cette vie contemporaine, son bon et son mauvais, son tumulte, un rappel aux Vanités, au temps qui passe, une invitation à contempler nos vies.

error: Content is protected !!