De Chair et d’Os, recherches esthétiques – 2022
Pointe tubulaire, graphite, 21 x 29,7 cm
Pastel sec, acrylique, 29,7 x 42 cm
1. Naissance de la forme
2. Mise en couleur
1. Naissance de la forme
Été 2022, cherchant à exorciser la peine qui me traversait alors, je sors mes feuilles formats raisin et mes fusains pour tout jeter sur le papier. Je catalyse mes émotions et les laisse diriger ma main pour éviter de me laisser perturber par les barrières habituelles, l’idée n’est pas de produire quelque chose de beau, quelque chose de maitrisé, quelque chose de montrable, je veux sortir quelque chose de vrai. Avec de grands gestes vifs je remplis à mesure la feuille de traits noirs, je griffonne, j’étale avec mes mains, des formes se distinguent, il y a du charbon partout et un corps qui se dessine, une poitrine, une colonne vertébrale, j’attrape mes poignets et l’empreinte noire de ma main reste sur mon corps… De Chair et d’Os était né.
Je rebranche alors mon cerveau pour donner forme au projet cathartique. Chercher la tension du corps dans toute sa beauté tout en y ajoutant de la profondeur pour exprimer la dualité corps esprit qui se joue lorsqu’on se questionne sur les enjeux de la sexualité.
Le squelette m’est venu naturellement pour contrebalancer le corps et illustrer l’esprit en référence au thème des Vanités dans l’Histoire de l’art qui me suit depuis très jeune. Si originellement ces peintures au XVIIe siècle portaient davantage des valeurs religieuses, leur questionnement sur la dualité corps (au sens matériel) esprit, qu’iels symbolisaient principalement par le crâne humain, reste encore aujourd’hui tout aussi valable à bien des égards et est tout à fait à propos dans De Chair et d’Os.
De la marque du toucher se révèle donc sous le corps le squelette.
2. Mise en couleur
Pour exprimer cette dualité, d’abord la réalité du corps, le beau et le moche, j’ai cherché une palette contrastée avec des teintes contradictoires. J’ai cherché comment faire fonctionner ensemble des couleurs opposées sur la palette chromatique qui, avec le pastel, sont difficiles à harmoniser (puisqu’elles créent des nouvelles teintes au mélange qui ne sont pas agréables à l’œil). J’ai cherché une palette avec le meilleur équilibre entre justesse et dissonance et y ai accordé un trait vif pour exprimer le chahut qu’impose le contact entre le corps et le monde extérieur.
En ce qui concerne l’esprit, puisque ce concept est immatériel, invisible, il me semblait important de le mettre justement d’autant plus en valeur. Pour cela je reprends la palette du corps avec des nuances plus claires, plus lumineuses. Quant au rendu de la texture, je peins le squelette avec plus de finesse pour exprimer la complexité du monde intérieur.
Enfin, comprendre ce qui révèle le squelette, la question de la dualité entre corps et esprit, le toucher, la caresse, pour séparer les deux j’utilise une autre technique, la peinture acrylique. Je choisis d’utiliser de l’acrylique à l’aspect métallique dorée tant pour mettre en valeur la séparation que pour figurer la brûlure, tantôt positive, tantôt négative, toujours significative qu’est l’empreinte de l’autre.
Le fond et la forme choisis, je commande les plus grandes feuilles adaptées au pastel et entame la réalisation des formats finaux.